L'analphabétisme juvénile - une réalité dramatique.

La Roumanie peut s'enorgueillir avec encore une cruelle réalité : les participants aux olympiades, qui font face avec brio aux tests internationaux, et les analphabètes, dont le nombre s'accroît continuellement. L'effondrement du niveau de vie a mis beaucoup de parents en situation de renoncer à envoyer encore les enfants à l'école. Le pourcentage des enfants qui fréquentent les maternelles, de ceux relevant de l'enseignement primaire et secondaire, des lycées et écoles professionnelles, a diminué.

 

L'abandon scolaire.

Les pourcentages concernant l'abandon scolaire ne semblent pas être particulièrement observés. Leur accumulation sur un cycle scolaire entier montre cependant que l'analphabétisme s'étend rapidement. Dans l'année scolaire 1993/1994, il y a eu 60 080 enfants qui ont renoncé à une forme d'instruction dans une école, ils étaient déjà 72 575 enfants en 1994/1995 dans une telle situation.

Dans une étude de spécialité réalisée par l'Institut de Recherche de la Qualité de Vie apparaît une conclusion claire : ? Considérant que la période moyenne de présence dans le système d'enseignement est de 10 ans pour les jeunes, et que l'abandon scolaire est uniformément distribué dans le temps, il résulte qu'approximativement 20 à 30 pour cent des jeunes d'une génération abandonnent l'école à des stades divers ».

Il semble que l'abandon scolaire ne tend pas à s'arrêter, mais au contraire, il y a des réalités qui montrent que le phénomène s'accroît et est plus grand, comparé aux données officielles. Il existe une tranche importante d'enfants qui fréquentent uniquement les cours de façon symbolique, tirant profit d'une décision qui stipule que sont interdites l'exclusion des classes I-VIII ou la possibilité de perdre l'allocation jusqu'à 40 absences mensuelles.

Dans une étude réalisée par le Danois Kjell Reidar Jonassen Red Barnet en 1995, sur six communautés denses de Roms du département de Craiova, il ressort que ? Des 2274 enfants Roms des 900 familles étudiées, 48 pour cent ne vont pas à l'école. » Les causes sont multiples : manque d'argent pour se procurer des vêtements, des chaussures, des fournitures, et manque de certificats de naissance. A l'exception de cette dernière cause, ces manques constituent la base de l'abandon scolaire aussi dans le cas des enfants roumains. De plus, et les enfants roumains et les enfants roms sont utilisés à des travaux divers, le plus souvent inadaptés à leur âge et à leur expérience, pour "arrondir" d'une certaine façon le budget d'une famille qui fait difficilement face à la cherté de la vie. Alors sans doute l'école reste quelque part à un niveau inférieur des préoccupations quotidiennes de nombreux enfants.

Le manque de ressources, le désintérêt ou leur incapacité à continuer l'école font qu'environ un quart des jeunes entre 15 et 18 ans abandonnent le système d'enseignement.

Un fait choquant : des enfants de 12 - 14 ans qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter.

Des 18 états anciennement communistes de l'Europe centrale et orientale, les anciennes républiques soviétiques incluses, la Roumanie parvient à allouer à l'enseignement un des pourcentages les plus réduits du PIB. Et il ne semble pas non plus que l'année prochaine l'enseignement bénéficie d'un pourcentage substantiellement plus élevé. D'autre part, dans les conditions dans lesquelles le gouvernement Ciorbea s'efforce de restructurer l'économie, c'est-à-dire d'accroître le nombre des familles paupérisées, il ne fait aucun doute que les enfants seront les plus affectés. ils "vont payer" par la perte des possibilités d'apprendre à écrire et à lire.

Des associations caritatives chrétiennes ont découvert, à Bucarest, parmi les enfants des rues, des enfants de 12 à 14 ans qui ne savent ni écrire, ni lire, ni nommer les jours de la semaine. Une fois de plus, si le support matériel se dégrade, s'il n'existe aucune orientation plus ferme vers le besoin d'une économie de marché, les chances d'une amélioration de la situation actuelle sont fragiles.

En revanche, le danger d'approfondissement de l'analphabétisme juvénile s'accroît, accompagné en outre par la violence, la consommation de drogues et autres effets néfastes pour l'individu et la communauté.

 

Magda Marincovici

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