La crise des institutions publiques destinées à la protection des enfants.

 

Par les canaux de la télévision et des réseaux de satellites continuent de se propager des images quasi sinistres, présentant les ? enfants des rues » de Roumanie, ou les adolescents qui, atteignant l'âge de 18 ans, sont évacués des maisons d'enfants où ils ont grandi, jetés purement et simplement à la rue.

 

L'Institut pour la Protection de la Mère et de l'Enfant, l'UNICEF et l'Institut de Recherche sur la Qualité de Vie ont réalisé des études sur le mode de fonctionnement des institutions publiques pour les enfants. Les conclusions, rendues publiques et présentées à la presse, mettent de nouveau en évidence le fait que les instituts pour la protection des enfants continuent de présenter de graves distorsions, leur mode d'organisation étant fondamentalement nocif pour l'enfant et nécessitant en conséquence un changement énergique.

 

Pour quelles raisons cet état des choses persiste-t-il ?

En premier lieu on trouve des raisons d'organisation. Les institutions pour la protection des enfants sont maintenant subordonnées à quatre organismes gouvernementaux : Ministère de l'Enseignement, Ministère de la Santé, Ministère de Travail et des Affaires Sociales, Secrétariat d'État pour les handicapés, chacune de ces institutions ayant des objectifs et des conceptions différentes. La structure du personnel est aussi une cause importante du maintien d'orientations monocolores des institutions respectives.

Ainsi, dans les orphelinats, le personnel a une priorité médicale, laquelle conduit à la prédominance des préoccupations médicales, au détriment des activités de socialisation, de l'éducation, du développement du langage, ignorant à peu près complètement le développement psychoaffectif et intellectuel des enfants.

En revanche, dans les maisons d'enfants scolaires, encadrées principalement par des éducateurs ou des professeurs, on accorde une plus grande attention au développement social des enfants, mais on ne les prépare pas à une vie indépendante, à un métier, au développement de leurs capacités créatrices, etc En outre, un nombre encore trop grand d'enfants est attribué à un éducateur en maison d'enfants ou à une infirmière en orphelinat, ce qui rend impossibles les soins individualisés, on continue à pratiquer les soins collectifs.

 

De l'énumération des problèmes existants dans le système de soins des institutions pour enfants (ceux qui sont exposés ne sont pas les seuls manques) il ressort qu'une réforme de ces institutions est nécessaire, pour l'amélioration des conditions de vie offertes aux enfants et leur transformation en un milieu le plus proche possible d'un milieu familial.

 

Malheureusement, le rythme de ces transformations est lent. Il existe des institutions pour enfants (cas du centre d'accueil des mineurs de Galati) qui fonctionnent dans des conditions sociales et physiques à la limite de la misère. La capacité d'intervention du système gouvernemental semble être - dans ce cas, mais aussi dans d'autres cas - paralysée.

Les changements nécessaires dans les institutions pour enfants doivent d'abord concerner le personnel, par la diversification des personnes employées (médecins, pédagogues, assistants sociaux, spécialistes en puériculture) jusqu'à l'organisation interne de ces institutions.

 

La réalisation d'un milieu de vie le plus proche possible du milieu familial est importante, et dans ce but il faut rectifier les efforts de changement.

 

Enfin, un changement de législation est nécessaire. La législation actuelle ne prévoit rien pour les jeunes qui dépassent 18 ans. Après qu'ils ont atteint cet âge, sans aucune sorte de soutien, sans avoir l'habitude de vivre indépendants, les jeunes sont purement et simplement jetés à la rue.

 

Les institutions pour enfants se trouvent maintenant dans une réelle crise de système, alors que l'apport des organisations non gouvernementales est insuffisant pour le déblocage de la situation difficile dans laquelle ces institutions se trouvent. On attend une action ferme du Gouvernement et les financements nécessaires pour que petit à petit l'image encore déplorable de ces institutions se modifie pour le bien des enfants.

 

Clara Dumitrescu. ? Dimineata », nr 231/1997 du 7 octobre 1997.

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